On choisit pas sa famille
Revoir ce film c'est s'exposer à la tragique histoire d'amour condamnée d'avance de Marguerite de Valois, soeur du roi, avec son intrépide amant protestant, mais surtout à la violence du massacre de la Saint-Barthélémy attisée par une royauté dégénérée en bout de course. Malgré une forme d'appréhension, je ressors à chaque fois enthousiaste de cette magnifique adaptation du roman d'Alexandre Dumas, lu et adoré à l'adolescence.La reine Margot réalise le tour de force d'être aussi intime qu'épique et lyrique, de faire dans le réalisme et le sordide tout en jouant pleinement la théâtralité, l'emphase voire le romatisme. La caméra ne nous épargne rien, elle assume la familiarité, la promiscuité, la proximité des corps sanglants, exultants ou puants avec une esthétique décadente, sulfureuse, perverse, violente et étrangement sensuelle dans une sorte de triptyque sang, poison et luxure. Tout ça avec beaucoup de flamboyance.
Par son absolue beauté et la liberté et le romanesque de son personnage, Isabelle Adjani porte en elle quelque chose de très pur malgré tout ce sang sur ses robes. On peut trouver son jeu un peu outré mais personnellement je la trouve particulièrement humaine quand elle tombe pour la Môle (Vincent Perez) ou s'attache Navarre (Daniel Auteuil), le futur bon roi Henri IV, épousé de force. La performance de l'actrice ne dépare pas au milieu de collègues particulièrement engagés dans leur partition. Mention spéciale pour Dominique Blanc, Jean-Hugues Anglade et Virna Lisi.