On ne va pas en faire un drame
En découvrant Une chambre en ville, on pense évidemment au film Les Parapluies de Cherbourg du même Jacques Demy, qui tente ici de réitérer ce grand succès des années 60 avec la même recette : des dialogues fredonnés, des décors colorés et des amours contrariées.
Cette fois-ci, les mélodies ne sont pas de Michel Legrand mais de Michel Colombier. Elles m'ont paru plus faiblardes mais j'ai pris un plaisir indéniable à voir les acteurs et actrices papillonner et chantonner leur intrigue romantique, en premier lieu Danielle Darrieux, la plus expressive du casting dans son interprétation d'aristocrate déchue et recluse dans son appartement nantais. Contrairement à la plupart des autres acteurs (Richard Berry et Dominique Sanda en tête), elle interprète elle-même en play-back ses dialogues et porte à mon avis les meilleurs moments du film.
Le drame se noue telle une tragédie grecque. L'histoire est plutôt glauque et les relations toxiques mais la forme étant légère et naïve, la dichotomie est totale et il n'est pas facile pour le spectateur de choisir son camp. De mon côté, je crois ne pas être parvenu à réellement m'affliger du sort des personnages. Jusqu'au bout, j'ai perçu ce film comme une oeuvre résolument charmante relevant de la comédie de boulevard dont la scène finale serait particulièrement théâtrale.