Bon appétit !
Cinquante ans après sa sortie, je découvre enfin Soleil vert. J’ai aimé le film mais étrangement à la rédaction de ce billet, les défauts émergent davantage que les qualités. Je crois que sur le moment, le fond m’importait plus que la forme.
Pour le fond, en effet rien à redire tant le scénario illustre à merveille ce qu'un rapport tout juste sorti annonçait à l'époque, c'est à dire la course effrénée à la croissance qui préfigure surpopulation, épuisement des ressources et effondrement climatique. J'étais sur le cul de constater à quel point en 1972, on avait déjà une bonne idée de ce qui pourrait arriver à notre planète. Nous n'en sommes pas encore au point du scénario mais on ne peut évidemment pas s'empêcher d'imaginer qu'on en prend le chemin.
C'est aussi justement là où, à mes yeux, le bas blesse. Le film ne fait pas dans la demi-mesure dans la force démonstratrice de son postulat de base. Sur Terre, c'est clairement la merde. On en mange d'ailleurs et des SDF affamés par millions dorment dehors entassés (dans les escaliers car tout seuls par terre c'est tout de suite moins sympa) dans une chaleur et pollution suffocantes, il faut voir un peu.
Le film a mal vieilli ou alors il a été tourné avec les moyens du bord car j'ai vu des films plus anciens beaucoup mieux fichus. Le pompon c'est quand les émeutiers sont ramassés à la pelleteuse dans une scène plutôt ridicule. Seule l'euthanasie du vieux Sol m'a paru résolument moderne dans l'idée autant que dans la qualité des images. Si j’ajoute à ça l'antipathique et pique-assiette Charlton Heston et une fin qui tombe à plat malgré une morale bien placée et passée, le film m’a un peu fait l’effet d’un nanar.
Pourtant, il est impossible de douter de l'incontestable force de son message.