Le temps qui reste (2005) François Ozon

Le temps qui reste - François Ozon

Voir la mer

Le film m'avait fait forte impression à sa sortie, amoureux que j'étais et que je suis toujours de ce cinéma français qui convie l'intime sans avoir nécessairement besoin de rebondissements ni même forcément de bons sentiments pour faire son chemin dans le coeur des spectateurs.

Revoir Le temps qui reste dix-sept ans après sa sortie n'est pas une déception, loin de là. Il reste l'un de mes films préférés de François Ozon et pourtant, peut-être à l'aune de la maturité, je jette un regard moins bienveillant qu'à l'époque sur le personnage principal. Romain est un photographe trentenaire, interprété par le séduisant Melvil Poupaud, qui se sachant condamné, préfère ne rien dire à ses parents, à sa soeur (pourquoi lui en veut-il autant ?) et à son petit ami. Il va simplement se confier à sa grand-mère (la regrettée Jeanne Moreau) en laquelle il semble reconnaître une âme jumelle. 

Empathie pour ce garçon il y a comme il va mourir, mais sympathie pas forcément car en évitant le sujet avec ses proches, il ne fait rien pour tenter d'atténuer leur future et inévitable douleur. C'est, du moins en apparence, le moindre de ses soucis. Toute sa démarche apparaît égoïste. Il ira jusqu'à céder à ce couple sans enfant dans le but de laisser un peu de lui sur cette Terre, plus que pour les aider d'ailleurs. Sa première réaction est en ça assez éloquente. Il y a aussi les clichés qu'il prend comme pour retenir le temps. On aimerait croire que c'est pour laisser son regard sur le monde à ceux qui l'aiment. 

Mais ferions-nous mieux à sa place ? Et puis au cinéma, un personnage est un personnage. S'il est équivoque c'est encore mieux.

La scène finale sur la plage, d'un pathétisme poétique, m'a fait le même effet qu'à l'époque. Il m'a serré la gorge d'émotion.