Police (1985) Maurice Pialat

Police - Maurice Pialat

Le flic est un homme comme les autres

Je découvre ici Maurice Pialat, qui m'était familier pour sa personnalité controversée. Elle était apparemment sans concession, en témoigne l'atmosphère délétère qui régnait par sa faute sur le tournage de Police. Son film est-il à son image ? En tout cas, comme lui il a du caractère.

Police confirme le grand talent d'acteur de Gérard Depardieu grâce à son interprétation de policier borderline aussi bien dans ses méthodes de travail que dans sa manière de mener sa vie privée. Sophie Marceau, en petite amie de truand et grande manipulatrice à ses heures, s'en sort très bien alors que, de mon point de vue, elle apporte au cinéma français davantage un charme et une présence qu'un pur talent d'actrice. On a plaisir à l'observer à la fleur de l'âge aux antipodes de ses premiers rôles, accompagnée de Sandrine Bonnaire en prostituée et de Richard Anconina en avocat véreux. Une belle galerie de personnages donc.

Avec ses scènes d'interrogatoires efficaces et ses dialogues qui claquent, le film démarre fort en véritable polar, amélioré par sa dimension sociale et naturaliste. Depardieu et Marceau ne sont pas du même bord mais comme ils ont de mauvaises fréquentations en commun, ils vont faire plus que se croiser en dehors du commissariat. Leur relation se mue en histoire de coeur et c'est là que le bas blesse un peu car ça sonne faux. Lui respecte moyennement les femmes et elle ment comme un arracheur de dents. Qui croire dans cette histoire ? Pas vraiment leurs bisous bisous dans la voiture qui manquent de fluidité et de conviction, même si je suis obligé d'admettre que leurs personnalités antipathiques sont intervenues dans mon absence d'empathie à leur encontre. 

Polar et mélodrame vont savamment s'entremêler jusqu'à un épilogue qui se tient quand même. Entre temps, une scène m'a amusé et donc marqué : la prise d'otage un peu pathétique et paradoxalement crédible dans ce monde de petits malfrats.