Pauline à la plage (1983) Éric Rohmer

Pauline à la plage - Éric Rohmer

Éthique(s) de l'amour

Sa réputation certaine au sein de la filmographie d'Éric Rohmer et son titre badin très Martine à la mer a fait en sorte que j'aborde le film la fois avec bienveillance et avec recul, sans en attendre quoi que ce soit.

De fait, le charme opère dès la première image avec ce (pas si) banal plan d'ouverture du portail d'entrée, auquel le plan final fera écho. On comprend que tout se passera là, dans et autour de cette maison de la côte normande où les cousines Pauline (Amanda Langlet), 14 ans, et Marion (Arielle Dombasle), environ 30 ans, viennent passer leurs vacances. C'est l'été, les couleurs sont chaudes, les épaules sont dénudées, les garçons font de la planche à voile et les filles sont abordées sur la plage le plus naturellement du monde. Les conversations tournent autour de l'amour et du plaisir des vacances. Les dialogues, tellement importants et si (bien) écrits chez Rohmer, ont quelque chose de la sensualité cérébrale. Chaque protagoniste y va de sa vision de l'amour, quitte à cultiver ses paradoxes et à se contredire rapidement par les actes.

La joyeuse machine du marivaudage entre les filles, la vendeuse ambulante (Louisette) et leurs trois prétendants (Pascal Greggory, Féodor Atkine et Simon de la Brosse) est en route. Les quiproquos éclatent et la drague intergénérationnelle devient quasi acceptable. C'était pas mieux avant ni forcément plus simple, mais avec Rohmer, les histoires d'amour de vacances paraissent plus fluides et étrangement reposantes.