Liaisons dangereuses
Je ne sais pas si American gigolo est considéré comme un classique du cinéma mais il est très probablement emblématique du cinéma des années quatre-vingt grâce à son visuel, son ambiance et son thème principal (Call me de Blondie), typiques de la décennie bling bling. La présence en tête d'affiche de Richard Gere, avec sa "beau gosse attitude", est également pour beaucoup dans l'esthétique du film, et donc dans sa réussite. A défaut d'être un grand acteur, il parvient à dégager un convaincant cocktail de sex-appeal et de dédain qui sied parfaitement au personnage de Julian. Cet amant rémunéré par des femmes fortunées va, contre toute attente, tomber sous le charme de Michelle, l'épouse d'un notable qui souhaite louer ses services. En matière de complications, il n'en est qu'au début de ses peines : l'une de ses clientes décède brutalement ...
Le plus intéressant dans un film, à mon humble avis, c'est le portrait qui est fait d'un personnage, d'un microcosme, d'une époque ... Et en l'occurrence, ici, tout y est. A commencer par l'homme, sûr de lui et de son pouvoir de séduction puisqu'il a trouvé la clé d'accès aux femmes et il s'en sert pour en vivre, quitte à doubler ses compagnons de route au passage. Ses tête-à-tête avec ses clientes sont, à mon avis, des passages forts, comme cette première rencontre avec Michelle lorsqu'il nie auprès d'elle être un travailleur du sexe et qu'on ne sait pas s'il le fait par tactique d'approche, par simple jeu de séduction ou parce que, pour une fois, il est sincèrement sous le charme.
L'intrigue policière qui suit est moins intéressante mais elle a le mérite d'ajouter suspense et intensité à un scénario qui veut mettre en exergue le monde impitoyable du milieu et de ses à-côtés, sa vénalité et ses débordements. Quant à la fin, elle n'est pas pas du tout à la hauteur de ce film plein de style.