Le puzzle d'une vie
Dans ma quête des classiques du cinéma mondial, je devais forcément croiser, à un moment ou à un autre, le chemin du long métrage considéré par l'American Film Institute comme le plus grand film de tous les temps. On a le droit de penser ce que l'on veut de ce classement mais il en fallait un. Et pourquoi ne pas mettre Citizen Kane en tête ? Compte tenu de son originalité et de sa complexité, j'imagine sans problème qu'il puisse être vu comme un chef-d'œuvre de son temps.
D'après les quelques billets lus ici et là à propos de sa construction scénaristique, sa narration, son cadrage, sa profondeur de champs, ses mouvements de caméra, sa musique, etc ... tout, ou presque, concourt à l'idée que Citizen Kane reste une création résolument moderne pour son époque, voire qu'il constitue une révolution dans l'histoire du cinéma. J'en ai aperçu largement les qualités mais si je le regardais à nouveau, je découvrirais immanquablement une partie
de ce que j'ai loupé, une foule de détails scénaristiques et techniques des plus
réussis, à l'image des deux magnifiques plans au moment où Kane est délaissé par sa seconde épouse. L'angle de vue du
majordome (voir photo ci-dessus) succède au point de vue du milliardaire qui regarde sa femme quitter l'enfilade de pièces.
J'en verrais d'autant plus que je connais dorénavant le fonds de l'histoire, ni plus ni moins la biographie d'un homme imaginaire écrit sur le modèle de William Hearst : Charles Foster Kane, riche magnat de la presse qui décède dès le début du film après avoir laissé derrière lui une pseudo énigme pour journaliste en manque. S'ensuit une enquête, prétexte au déroulé non linéaire de la vie compliquée d'un enfant gâté en mal d'insouciance et d'amour. Son histoire ne m'a guère passionné. Heureusement, ce mystérieux "rosebud" (ou "bouton de rose") a été le bienvenu pour ajouter un soupçon de mystère et d'affectif à ce portrait d'homme arriviste et antipathique.