Le parrain (1972) Francis Ford Coppola


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Poids lourd du cinéma américain, Le parrain de Francis Ford Coppola truste les premières places dans le coeur des cinéphiles en faisant quasiment l'unanimité. J'ai voulu savoir pourquoi.

New-York 1945, Don Vito, patriarche de la famille Corleone, est à la tête de l'un des business les plus influents de la ville. Il marie sa fille et alors que la fête bat son plein, il accorde des faveurs à quelques invités dans son bureau. Ainsi commence cette grande fresque familiale sur une dizaine d'années (en attendant Le parrain 2 et Le parrain 3) sur fond de rivalités entre les différents clans de la pègre italo-américaine.

Marlon Brando a suffisamment été loué pour avoir incarné parfaitement le chef mafieux. Il mérite probablement son Oscar mais le personnage m'a paru un peu artificiel ou du moins exagéré. La faute à quelque chose en trop dans la voix, dans le maquillage, dans la quantité de coton au creux des joues ... en tout cas à des détails censés vieillir Brando et le poser en grand patron à la fois implacable et paternaliste. Je lui ai préféré Michael, le plus jeune fils de Vito Corleone interprété par Al Pacino, qui prendra la tête du clan quelques années plus tard. J'ai apprécié le voir évoluer, passer de rejeton immaculé qui souhaite rester en dehors des affaires familiales, à parrain probablement plus voyou et moins indulgent que son père. Sa transformation progressive durant les presque trois heures du film est passionnante. D'ailleurs, comme toujours, c'est le portrait d'une époque, d'une société ou d'un homme qui m'intéresse le plus au cinéma. En tout cas beaucoup plus, dans ce film, que les règlements de compte en eux-mêmes (même s'ils participent à la peinture globale) dont les subtilités m'ont en partie échappées par manque de concentration (et la surabondance de noms de famille italiens ?).

Le film est beau visuellement, évidemment très bien réalisé et possède un rythme posé qui permet au spectateur de s'immerger dans une atmosphère particulière, celle d'un microcosme charismatique où l'honneur et lien familial priment sur tout le reste. On ne peut ressentir qu'une forme de respect au moment où Don Vito réaffirme en face des autres chefs de famille son refus de tremper dans le trafic de drogue si celui-ci touche les enfants.