"Tu vois Julien, c'est ça la chevrotine."
Malgré sa notoriété, je ne connaissais pas le pitch de ce film, grand césarisé de l'année 1976. De par sa réputation, je pensais vaguement visionner un drame familial au sein d'un contexte plutôt lourd. Et en effet, on est en plein dedans, c'est peu de le dire. Ce contexte, c'est la guerre et ses atrocités arbitraires et son thème principal est la vengeance, celle personnelle et expéditive que l'on appelle la loi du talion.
Juin 1944, Julien Dandieu (Philippe Noiret, habité), médecin résistant à Montauban, sent venir la débâcle des Allemands. De peur de représailles, il cache sa femme Clara (Romy Schneider, rayonnante) et sa fille Florence dans un village de la région. Plus tard, il les découvrira assassinées, comme le reste du village ...
Le film de Robert Enrico est aussi bien un thriller historique qu'une chronique familiale. Une fois que le scénario bascule dans l'horreur au premier tiers du film, le scénario alterne intelligemment, sans que cela paraisse aberrant ou saugrenu, entre scènes de guérilla et scènes de vie idyllique au cours de flash-backs intelligemment orchestrés. Ces allers et retours dans le temps illustrent le bonheur perdu de Julien, souligne son désespoir et, du coup, justifie auprès du spectateur son projet implacable de châtiment à l'encontre des soldats allemands. Cette construction du film entre bonheur idéal et froide vengeance fonctionne très bien. La violence est omniprésente (la mort de Clara est absolument saisissante) mais elle dégage étrangement quelque chose de presque feutré, comme adoucie par la musique inspirée et d'insouciants retours en arrière.
La scène finale, dans la voiture, est perturbante et émouvante. Comment continuer à vivre après tout ça ?