Le fabuleux destin d'Amélie Poulain (2001) Jean-Pierre Jeunet


Non, je suis la belette de personne

 
Quand on me demande quel est mon film préféré, je réponds toujours Le fabuleux destin d'Amélie Poulain à moitié emmerdé, il faut le dire, de citer cette comédie romantique devenue culte et deuxième plus gros succès mondial en langue française de tous les temps (après Intouchables). Un grand sensible, le garçon, et en plus pas très original ! Mais que voulez-vous, le film de JP Jeunet est un véritable bijou de poésie et tant pis si tout le monde le sait déjà. Je l'ai vu bien des fois à l'époque de sa sortie en salles puis en DVD (collector), mais cet été a été l'occasion de le visionner pour la première fois depuis de nombreuses années et d'avoir la sensation de le découvrir à nouveau alors même que chacune des scènes était familière. La magie du cinéma.

Amélie Poulain, une jeune et jolie ("non! belle") serveuse, habite Montmartre et a du mal à créer de véritables liens avec les gens. Sans nul doute la faute de son caractère réservé mais également de son père qui communique mal avec sa fille unique et, on le devine, avec le reste du monde (le nain de jardin y remédiera). "Quand elle était petite, elle ne devait pas jouer souvent avec les autres enfants" et maintenant elle se protège et fuit les relations approfondies avec les autres. Un petit monde gravite pourtant autour d'elle, principalement dans son immeuble et dans le café où elle travaille. Elle connaît à  sa manière, toute à elle, les petits bonheurs du quotidien en plongeant par exemple la main dans les sacs de grains ou en faisant des ricochets sur le canal Saint-Martin. Mais, elle en a assez d'être seule de son côté de la vie sans (petit) ami et elle aimerait passer à la vitesse supérieure, être pleinement heureuse. Elle va donc "commencer à se mêler de la vie des autres", celle de ses voisins et collègues mais aussi et surtout celle de Nino Quincampoix ("Comme la rue"), un gentil dingue rencontré aux abords des photomatons. 

Jean-Pierre Jeunet, réalisateur et scénariste, parvient à intégrer dans son petit chef d'oeuvre un ensemble de paramètres qui font mouche et participe au résultat enchanteur que l'on connaît : une foule de petites anecdotes savoureuses ("Ah non, merci ma petite dame, je travaille jamais le dimanche"), un Paris idéalisé, coloré et d'un calme ensoleillé, une somptueuse photographie aux allures de bande dessinée enfantine, une mise en scène et un cadrage irréprochables, l'inestimable bande son de Yann Tiersen et, autour d'Amélie et Nino, un foisonnement de seconds rôles truculents. Ma préférence va à Georgette, interprétée par Isabelle Nanty, une buraliste hypocondriaque à la fois attachante et énervante. Et puis bien sûr, il y a le charme infini d'Amélie et de Nino, joués par Audrey Tautou et Mathieu Kassovitz, des acteurs parfaitement choisis pour deux personnages délicieusement lunaires.

Comme dirait Georgette, "Vive la France" "bravo, vingt sur vingt" "en plein dans le mille" :-)