Ça balance pas mal à Limoges
'Quelques jours avec moi' est un peu LA comédie de Claude Sautet. Sans pour autant renier son statut reconnu de spécialiste du drame mélancolique et intimiste à la française, il est parvenu dans ce film de 1988, son antépénultième, à manier habilement et parallèlement les deux genres. Sa grande réussite est d'avoir su faire le réjouissant portrait du microcosme d'une petite ville de province, en confrontant la froideur moqueuse parisienne, la bonne humeur brute de la classe laborieuse et l'hypocrisie coincée de la bourgeoisie. La soirée où tout ce petit monde est réuni, de façon incongrue, pour une petite fête entre amis est à ce titre un moment savoureux. Pour interpréter les Fronfrin, couple de notables du cru, Dominique Lavanant et Jean-Pierre Marielle sont absolument parfaits et du coup voleraient presque la vedette aux deux premiers rôles. Daniel Auteuil joue Martial, jeune patron parisien tout juste sorti d'une dépression, qui débarque à Limoges pour inspecter la succursale locale. Chez les Fronfrin qu'il s'amuse à provoquer, il va croiser la route de Francine (Sandrine Bonnaire), bonne à tout faire et tourneuse de tête, qui l'attire instantanément. Le côté égaré de Martial, sa liberté et sa fortune vont lui permettre de l'approcher.
Après une première partie assez légère et sa fête "échevelée" en point d'orgue, la seconde partie retourne au drame. Peut-être plus théâtral et moins intimiste qu'habituellement tant une jolie brochette de comédiens se disputent frénétiquement les seconds rôles autour du couple star, dont Danielle Darrieux, Vincent Lindon ou Dominique Blanc, entre autres. 'Quelques jours avec moi a un côté bipolaire et turbulent qui en fait à mes yeux une œuvre plutôt à part dans la filmographie de ce cher Claude Sautet. On est content qu'il l'ait fait.