Belle de jour (1967) Luis Buñuel


Deneuve au bordel
 
'Belle de jour' est entourée d'une jolie aura persistante. La présence de la diaphane Catherine Deneuve dans une oeuvre pleine d'audace par son sujet et mise en valeur par la patte d'un réalisateur aux influences surréalistes, explique cela. En connaissant sa réputation et en ayant lu le résumé, je m'attendais à voir un film différent, mais pas un film à ce point osé. Il m'a vraiment surpris et épaté, car on ne s'attend jamais vraiment dans le cinéma d'avant 1968, à assister aux "aventures" d'une jeune bourgeoise élégante et propre sur elle partant se livrer à des passes l'après-midi dans une "maison" avant de retrouver, le soir venu, son mari médecin. Et pourquoi le fait-elle ? Par ce qu'elle en a le fantasme, tout simplement, qu'elle en soit consciente ou non.
 
C'est l'un des rares films qui parle des fantasmes sexuels au féminin (je pense spontanément au film 'La pianiste' même si les deux histoires ne sont pas forcément comparables) et ceux-ci sont clairement exprimés et montrés grâce au scénario de Luis Buñuel qui bascule souvent le spectateur du réel aux rêves éveillés de la belle Séverine. Il ne juge jamais, il tente de montrer au spectateur les rouages et l'importance du subconscient sexuel chez l'être humain. Encore une fois, c'est assez surprenant et même parfois perturbant. Je me suis senti gêné pour la belle péripapéticienne en herbe, non pas parce qu'elle se prostitue (le procédé n'est pas choquant en soi pour moi) mais à cause des situations scabreuses dans lesquelles elles se met afin d'assouvir sa pulsion de soumission et de masochisme (à dose modérée heureusement). Une scène indéniablement marquante de ce point de vue est celle où Francis Blanche joue un client régulier qui dispose d'elle avec un mépris jovial et faussement bienveillant. C'est justement quand ça dérape qu'elle semble y trouver son compte.
 
Le film est esthétique et élégant (Deneuve est habillée par YSL) et prend la forme de son propos psychologique : irréel et fantasmagorique. Une oeuvre culte et intemporelle pour beaucoup, qui manque tout de même un peu de clarté pour mon esprit rationnel.