‘Un cœur en hiver’ est le tout premier film de Claude Sautet que
j’ai vu à l'époque. C’était à sa sortie en salles en 1992, et mon amour pour son
cinéma est né ce jour-là. Depuis, j’ai découvert ‘César et
Rosalie’, ‘Le choses de la vie’ et les autres. J’espère tous les
commenter ici petit à petit. Ces jours derniers, il m’était venu à
l’idée que ‘Un cœur en hiver’ était probablement très différent
des premiers films de Sautet. Le cinéma des années 90 n’est plus
celui des années 60-70, et Emmanuel Béart et Daniel Auteuil ne sont pas
Romy Schneider et Michel Piccoli. Pourtant, en le
visionnant à nouveau vingt ans après, j’ai été frappé par la
continuité de l’œuvre de Sautet. Ce film, et probablement le suivant
‘Nelly et Monsieur Arnaud’, ont la patte et l’ambiance si
caractéristiques du réalisateur. Son cinéma est toujours le même à
ma plus grande satisfaction. J’aime l’atmosphère qui se dégage des
attitudes et des dialogues. La pudeur feutrée des sentiments
est toujours aussi bien racontée.
Le cœur en hiver est celui de Stéphane (Daniel Auteuil),
artisan-luthier. Il semble avancer tranquillement dans la vie, pudique,
serein, à l'abri des émotions. Une relation ambigüe va pourtant
commencer à s’insinuer entre lui et Camille (Emmanuelle Béart), une
violoniste de talent et nouvelle compagne de son patron et « ami »
(André Dussolier). Elle se rend compte qu’il est compliqué,
voire impossible, pour lui d’ouvrir son cœur à un amour naissant.
Est-il marqué au fer rouge par une blessure passée ?
Mes habituels propos dithyrambiques sur les films de Claude Sautet
sont bien sûr encore valables pour ce film splendide. L’ensemble du
casting est totalement juste (y compris Elizabeth Bourgine
et Brigitte Catillon). Emmanuelle Béart et Daniel Auteuil sont de
parfaits héros « sautetien » au jeu minimaliste et touchant.
Le moment magique : les derniers plans dans le café, le sentiment du regret flotte dans l’air mais en même temps la vie continue …