Un flic (1972) Jean-Pierre Melville

 Un flic - Jean-Pierre Melville

Un gangster

Le début du film fait son effet : un hold-up a lieu sur un front de mer balnéaire que je connais bien. Je situe l'immeuble sans peine, il n'y a jamais eu de banque ici et l'idée même qu'il puisse y en avoir une paraît saugrenue. L'atmosphère irréelle de tempête en est d'autant plus marquante et semble donner le ton à tout le reste du film : lent, glacial, inquiétant, peu bavard, assez déshumanisé, mais paradoxalement presque poétique.

Ce climat tient aussi bien à la photographie, à la musique (ou à l’absence de musique), au jeu des acteurs et au décorum qu'au scénario lui-même et à sa narration assez sous-entendue bien que heureusement intelligible.

Ici, Alain Delon, un flic froid et brutal et Catherine Deneuve, une femme à la beauté éthérée et au double jeu font l'effet de personnages secondaires. Les projecteurs sont davantage braqués sur les gangsters, notamment l'élégant et américain Richard Crenna. On aurait tendance à prendre son parti tant la caméra le suit de près au cours de très longue scène d'attaque du train au déroulé quasi chirurgical.

Un flic, le dernier film de Jean-Pierre Melville, est un bel objet de cinéma.