Les parapluies de Cherbourg (1964) Jacques Demy


Drame musical


Dans la petite boutique familiale de parapluies, Geneviève (Catherine Deneuve) et sa mère (Anne Vernon) ont du mal à s'entendre ces derniers temps. La jeune fille est amoureuse de Guy (Nino Castelnuevo), simple mécanicien, alors que sa mère lui préfère Roland (Marc Michel), riche négociant qui ferait un gendre plus décent ... Le film ayant plus de 50 ans, je pourrais en raconter davantage sans avoir peur de gâcher le plaisir des cinéphiles mais en réalité le scénario n'est pas beaucoup plus fourni. La plus-value du film tient sur autre chose que l'histoire elle-même, sans aucune originalité en soi.

Ici la forme prévaut clairement sur le fond. Déjà il y a la musique de Michel Legrand même si, à part l'air célèbre qu'on entend plusieurs fois pendant le film, elle m'a moins marqué que celle des Demoiselles de Rochefort. Le visuel également rend le film particulier grâce au jeu des couleurs vives  et accordées entre vêtements et décoration intérieure (voir photo). Mais la singularité première de ce film de 1964 tient à son format "en chanté", formule qui illustre l'idée que les protagonistes (et non pas les acteurs car c'est du play-back) chantent l'intégralité des dialogues, y compris lorsqu'un échange parlé serait suffisant. Au début, j'ai trouvé ce parti pris artistique crispant, voire ridicule, car une grande partie des dialogues m'ont donné la sensation d'être, plutôt qu'interprétés, surtout fredonnés (j'aurais bien dit "lalalisés") sans mélodie particulière. Cette caractéristique a très probablement participé au grand succès populaire qu'a eu le film à  sa sortie, mais l'avoir fait sans discontinuer n'était-ce pas excessif ? Pour autant, il faut bien avouer qu'au bout d'un moment on finit par s'y faire et même à complètement intégrer cette fantaisie dans le plaisir ressenti face à un film aux accents simples, ingénus et poétiques.