Les moissons du ciel (1978) Terrence Malick


"Ils ont tout compris les riches"


1916, trois jeunes gens quittent Chicago pour partir travailler dans les champs de céréales du Texas. De l'ambition plein la tête, ils vont se faire embaucher par un riche propriétaire terrien malade qui leur permettra de mener la grande vie.

Les moissons du ciel est un film particulier dans la lignée de l’oeuvre de Terrence Malick pour le peu que je connais de lui. Il est évident que pour le réalisateur, l'image prévaut sur l'histoire et à ce stade il n'y a rien à redire tant les images sont belles. Sous l’œil de sa caméra, l'éclat de la nature, le tumulte des usines ou encore la richesse d'un intérieur bourgeois sont totalement magnifiés grâce à des jeux de lumières et de couleurs incontestablement artistiques. L'inconvénient est que toute cette beauté est un peu trop mise en scène pour paraître innée ou spontanée, à l'image de ce verre que l'acteur jette dans la rivière (et n'oublie pas de nous le faire remarquer) pour pouvoir n'être que mieux filmé sous l'eau.


Voilà pour l'optique esthétique symbolique de Malick (sic). L'histoire, et sa parabole sur le paradis perdu en surimpression, est agréablement romanesque et dramatique à souhait. Malheureusement, les dialogues sont volontairement indigents, voire bêtes et immédiatement interrompus au bout de quelques phrases comme pour poser une ambiance d'impressions photographiques. Le cinéaste tente ainsi d’imposer une émotion qui n’apparaît pas à l’écran car il ne laisse pas le temps à ses acteurs (Brooke Adams, Richard Gere et Sam Shepard) de la créer par leur travail. La psychologie des personnages est exploitée de façon superficielle et caricaturale. Ils sont seulement beaux de leur personne et ne sont en rien attachants. On peut se demander quelle est la valeur ajoutée de la jeune fille dont la voix off nous raconte ce que l’on constate à l’écran sans qu'elle nous dise réellement comment elle vit les actes de ses aînés.

Un bel objet de cinéma à la beauté froide que j'ai tout de même aimé admirer.