L'armée des ombres (1969) Jean-Pierre Melville


Portraits de guerre


Mon exploration des classiques du cinéma se poursuit cahin-caha. Le dernier film en date est l'un de ceux de Jean-Pierre Melville, dont je me souviens avoir visionné, il y a longtemps durant les soirées télé de mon enfance, Les enfants terribles et Le cercle rouge.

Dans cette adaptation d'un roman de Joseph Kessel, le réalisateur réalise une œuvre presque documentaire sur la résistance française pendant l'occupation allemande. Ici, Davantage qu'une intrigue unique d'un bout à l'autre du scénario avec en point d'orgue des actions spectaculaires et des rails de chemin de fer qui sautent, on a un peu la sensation de découvrir les coulisses jamais montrées de la vie des combattants de la liberté, par la mise en image du destin croisé d'une poignée de résistants qui sacrifient leur avenir à une cause sinon désespérée du moins suicidaire. Le film possède quelques scènes marquantes, notamment des évasions ou tentatives d'évasion, mais aussi et surtout des séquences de quasi routine quotidienne, des moments de repos et de retrait aux conversations et aux réflexions de ces hommes et femmes aussi bien anonymes que décorés à Londres par de Gaulle. Ce ne sont pas des surhommes mais des êtres humains confrontés à leurs doutes et faiblesses à l'image du mauvais moment qu'ils vont avoir à passer pour liquider un délateur.

Malgré une certaine froideur que j'attribue en partie à la couleur brunâtre et morne des images et au ton un peu désincarné des dialogues, il se dégage de L'armée des ombres beaucoup de courage, d'humanité, de respect, de reconnaissance et d'amitié et donc de beauté. Les quelques acteurs marquants du film n'y sont probablement pas pour rien : Lino Ventura, Simone Signoret, Jean-Pierre Cassel, Paul Meurisse, Chistian Barbier, Serge Reggiani, etc ...