Les choses de la vie (1970) Claude Sautet


Les choix d'une vie


J'ai finalement terminé ma rétrospective des films de Claude Sautet, ou tout du moins celle de ses douze derniers films, dont onze sont représentatifs de la marque de fabrique qui a rendu célèbre le réalisateur devenu culte : la peinture intimiste des Français de son époque, anonymes parmi la foule des gens ordinaires. Les choses de la vie est le premier de la série après le polar L'arme à gauche et deux autres long métrages qui me sont inconnus.

Pierre (Michel Piccoli) est en plein doute. A t-il fait le bon choix en quittant Catherine (Lea Massari), la mère de son fils adulte, pour aimer librement Hélène (Romy Schneider) ? Au moment où il semble y voir plus clair, il est éjecté de sa voiture en évitant un camion sur une route de campagne. L'accident sera le centre de gravité du film, la séquence tragique autour de laquelle le drame se noue, les éléments de la vie (et ses petites choses) de Pierre venant, en ingénieux flashbacks, installer le contexte, souligner les dégâts. Au scénario, il fournit tension et émotion mais malgré la formidable reconstitution de la sortie de route et de l'attroupement qu'elle provoque, l'essentiel n'est-il pas ailleurs ? N'est-il pas justement dans le contexte lorsque Sautet parle de "l'intime" et des liens qui unissent à jamais Pierre à son père, à son fils, à son ex-femme et à son ami de toujours (les scènes de l'île de Ré sont douces). Il y a aussi les sentiments de Pierre pour Hélène qui sont évoqués jusque dans le saisissant monologue intérieur de l'accidenté qui ne se rend pas compte de la gravité de son état. Il n'a qu'une seule peur : qu'elle lise la lettre qui lui était pourtant destinée.

J'ai dû l'écrire ici pour chacun de ses films, je le répète pour la dernière fois : la beauté des films de Claude Sautet tient dans la justesse, la retenue, la vérité des rapports humains et bien sûr dans la qualité des interprètes. Dans celui-ci, Michel Piccoli est viril et pudique et Lea Massari s'impose, belle et fière, face à une magnifique Romy Schneider. Merci Monsieur Sautet.